lettre périodique
La préparation du voyage au Québec - et surtout des cours que je dois y donner - m’a pris beaucoup de temps. Je vous raconterai cela dans la prochaine lettre, en mai.
Il semble que beaucoup de nos visiteurs habituels n’aient pas reçu cette lettre. Nous la laissons donc encore sur le site jusqu’au mois prochain.
(Aubusson, le 5 avril 2007)
Aubusson, le 21 février 2007


Avec quelque retard voici cette lettre que j’espérais pouvoir vous envoyer plus tôt. Je remercie tous ceux et celles qui m’ont envoyé leurs félicitations pour la naissance de ma petite-fille Emma. Mais l’apprentissage du métier de grand-mère et la restructuration du site que nous avons entreprise nous a pris beaucoup de temps, pour un résultat qui, pour l’instant, n’est pas encore très visible. C’est un très gros travail et pendant quelque temps vous risquez de trouver quelques défauts, en particulier dans la navigation. Patience, nous en viendrons à bout.

À ce propos, si vous allez sur les pages fauteuils, repose-pieds, chaises et tapis vous y verrez de nouveaux modèles. Il nous est très agréable de pouvoir les présenter brodés et montés mais il est évident que nous n’avons pas la possibilité de les réaliser tous nous-mêmes. C’est pourquoi nous sommes très reconnaissants aux élèves qui nous envoient des photos de leurs travaux.

Les adjonctions récentes ont été faites grâce à Annick, brodeuse fidèle depuis 1982, et son mari qui nous a envoyé d’excellentes photos, pratiquement prêtes à être mises en ligne. Les photos de Valérie seront prochainement sur le site. Et puis, peu à peu, les vôtres, si vous voulez bien nous les envoyer. Cela nous aide beaucoup à rendre le site plus attrayant et informatif.
Un remerciement de dernière minute à Joelle, dont la photo de fauteuil est arrivée hier. Et merci à Madeleine pour les photos des tableaux.


   Véronique accepte tous les élèves

Notre amie Sigrid nous signale d’Athènes un intéressant passage du roman de Yannis Ritsos « Arioste, l’attentif ». Vous le trouverez dans la page pêle-mêle. Si, comme Sigrid, vous découvrez au cours de vos lectures (non techniques) des textes relatifs aux travaux d’aiguille vous me ferez plaisir en me les envoyant ou en m’en donnant la référence.


On m’a demandé ce que je pensais du livre « Les Brodeuses de l’histoire » qui était sur ma table de nuit et qui reconstitue sous forme romancée l’histoire de la création de la Tapisserie de Bayeux. Je n’en ferai pas la critique, qui a été faite excellemment par plus qualifié que moi. Mais, ayant fait l’expérience de la conduite d’un ouvrage de même importance pendant sept ans, j’ai naturellement comparé les conditions de travail dans l’atelier de Winchester et celles que nous avons connues. Se trouvera-t-il un historien, dans neuf siècles, pour conter la grande aventure qu’a été la création de la Tapisserie de Notre-Dame de Chartres ?

. . . actualités mars - avril 2007

j’ai été invitée par l’école de broderie de Montréal à y donner, le jeudi 12 avril, une conférence sur, devinez... la tapisserie au point. J’y donnerai également pendant une fin de semaine un cours Cluny. Je me réjouis déjà de passer quelque temps au Québec et d’apprécier l’hospitalité bien connue de ses habitants.

. . . la rencontre entre élèves

en a rassemblé plusieurs dizaines, dont certain(e)s venu(e)s de loin. C’est une grande satisfaction de constater que l’aspect nécessairement commercial de notre activité se double d’une partie « non lucrative » et que de véritables liens d’amitié se forment entre brodeuses et brodeurs qui ne se seraient jamais rencontrés sans cette passion commune.

Lors de la prochaine rencontre, les 9 et 10 juin, nous nous proposons, si le temps le permet, d’organiser une « broderie-trottoir », réservée aux élèves de l’école. Des élèves volontaires se relaieraient pour travailler sur un métier à l’extérieur.
À défaut, ce pourrait être dans la vitrine, spécialement aménagée pour l’occasion. Que les intéressées se fassent connaître, sans engagement bien sûr.

Nous nous associons ainsi aux Journées Portes Ouvertes d’Ateliers d’Artistes organisées par l’association « Lézarts de la Bièvre ».

« La Bièvre constitue le fil souterrain qui réunit au sein de l’association les artistes des Ve et XIIIe arrondissements de Paris, au-delà des découpages administratifs traditionnels. Une fois par an, ils redonnent vie à cette rivière et ouvrent les portes de leurs ateliers ; les Journées permettent ainsi de découvrir une centaine de créateurs... ».



        


. . . stages et cours d’été en Creuse


  • stage supplémentaire du lundi 30 juillet au vendredi 3 août
  • Le stage de juillet à Aubusson est complet. Monique et moi venons de décider de créer éventuellement un stage supplémentaire si nous avons encore au moins huit demandes.
    Pendant le mois d’août je donnerai, à Felletin, à sept kilomètres d’Aubusson pour ceux qui ne connaissent pas, des cours d’initiation chaque jeudi matin.

    . . . Expositions


  • Première triennale européenne de la tapisserie
    Le réseau « European Tapestry Forum » organise au Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine à Angers une exposition qui permet de découvrir une cinquantaine d’œuvres de peintres cartonniers et de liciers de 16 pays différents. Jusqu’au 13 mai.

  • les tissages d'Elodie Brunet

    J’ai particulièrement aimé ses créations uniques tissées avec des fibres d’ananas et des fils de soie sur des métiers philippins traditionnels. Son site web mérite une visite.

  • les cartons de tapisserie de Chantal Chirac

    ont eu, comme l’année dernière, un bon succès. Nous-mêmes avons cédé à l’attrait de ces superbes panneaux décoratifs que l’on a rarement l’occasion de voir, et fait quelques acquisitions de motifs de verdures qui pourraient peut-être être reproduites.

    . . .

    Pour parler un peu concrètement de tapisserie j’extrais ici, à l’intention de ceux qui n’ont pas lu mon premier livre (si incroyable que cela puisse paraître, il y en a...), un petit texte d’intérêt très général qui s’y trouve à la page 10

    Comment reconnaître la tapisserie de lice et ne pas la confondre avec les imitations ?

    La distinction entre tapisserie de lice et tapisserie au point est intéressante à faire d’un point de vue technique. Mais comme nous allons le voir elle est relativement aisée et un examen rapide permet de reconnaître la méthode employée.

    En revanche, ce que l’on « décore » du nom de Tapisserie, en sous-entendant que l’aiguille n’a eu aucune part dans sa réalisation, peut avoir en fait été fabriqué de bien des manières :

    Mentionnons pour mémoire l’objet qui n’est qu’un motif peint ou imprimé sur un tissu à côtes imitant le relief de la tapisserie. On le reconnaît aisément et il ne peut guère tromper qu’un observateur très superficiel. C’est la sérigraphie.

    La tapisserie Jacquard est tissée mécaniquement. La machine est pilotée par un jeu de cartes perforées comme un orgue de Barbarie, ou directement par l’ordinateur. C’est le célèbre mécanicien Vaucanson qui créa vers le milieu du XVIIIe siècle la première machine qui, dans les premières années du XIXe fut perfectionnée par Joseph Marie Jacquard. La partie la plus difficile et créative du travail est le fait du dessinateur et du programmeur. Une fois le programme écrit la tapisserie sera reproduite à autant d’exemplaires que l’on voudra. Il est même possible d’imiter les irrégularités du travail à la main. Comment reconnaître le Jacquard ? Sur l’endroit on constatera l’absence de relais, ces coutures rajoutées après coup à la main pour renforcer les lignes de faiblesse à la rencontre de deux couleurs dans le sens de la chaîne. Sur l’envers on notera l’apparence en lignes régulières rappelant un téléviseur mal réglé et les couleurs totalement différentes de celles de l’endroit. Cet envers est souvent dissimulé par une doublure, dont c’est d’ailleurs en ce cas la principale fonction. Les authentiques tapisseries d’époque sont souvent doublées pour les aider à supporter leur propre poids. On double également les tapisseries au point pour qu’elles tombent mieux.

    + envers d’une tapisserie Aubusson de lice + + envers d’une tapisserie à l’aiguille +

    Sur l’envers d’une tapisserie de lice les brins de laine ne sont pas arrêtés. L’envers est « poilu ». Les frontières entre deux couleurs dans le sens de la chaîne, que l’on nomme relais, sont des zones de faiblesse que l’on renforce après tissage par une couture que l’on peut habituellement reconnaître. La tapisserie terminée est séparée du métier au cours d’une opération que l’on nomme la « tombée de métier ». Elle consiste à couper les fils de chaîne. C’est un instant quelque peu émouvant pour l’artiste et pour les artisans qui ont passé tant d’heures à voir peu à peu l’œuvre se former sous leurs doigts. Si vous faites tisser une tapisserie spécialement pour vous ne manquez pas d’assister à la tombée de métier. Les liciers se feront un plaisir de vous y accueillir.

    Tapisserie d’Aubusson et authenticité
    À ce stade de finition on peut voir sur l’endroit la signature de l’artiste et la marque de l’atelier et, sur l’envers, le numéro de l’exemplaire (numérotation exigée pour les tapisseries produites à partir du 1er janvier 1968). En plus de ces éléments tissés, la tapisserie est munie d’un bolduc (certificat) cousu au dos, revêtu du nom de l’atelier, de celui de l’auteur du carton et de sa signature, ainsi que de son format, de son titre et de son numéro de tissage.

    Et la broderie...
    Que pouvons-nous en dire ? Très généralement son objectif est d’orner, de mettre en valeur le tissu sur lequel elle est réalisée, et d’être mise en valeur à son tour par celui-ci. Le tissu reste toujours apparent et la beauté du travail naît souvent de l’opposition ou de la complémentarité entre le support, soie, damas, velours... et le motif brodé.

    Enfin il faut citer la « Tapisserie de Bayeux ». Pour les puristes ce n’est pas une tapisserie, car elle est brodée. Sa méthode de réalisation fait que ce n’est pas une tapisserie au point. C’est donc plutôt une broderie. Et malgré tout, dit avec raison Paule Marie Grand, « sans être bien entendu une tapisserie au sens strict de tissage-gobelin, elle est par sa conception d’ensemble la première œuvre importante dans l’esprit de la tapisserie d’Occident ».

    à bientôt
    Véronique