C’est à la grande exposition de tapisseries modernes organisée à Paris juste après la guerre, qu’encore enfant, Hervé Lelong découvre la tapisserie et sa magie. A partir de ce jour il n’a de cesse de se faire accompagner au Musée de Cluny, au Louvre, pour contempler les tentures du Moyen-Age ou de la Renaissance, et voir les expositions de tapisseries contemporaines à la galerie « La Demeure ».
Dès quinze ans il a la chance de pouvoir fréquenter trois après-midi par semaine un atelier d’art décoratif. Il y réalise ses premiers cartons grâce aux conseils du laqueur Crescent.
Le bac en poche il étudie à l’atelier
Met de Penninghen, puis à l’Ecole Nationale Supérieure des Métiers d’Art où
Robert Wogensky dirige un cours de cartons de tapisserie pendant quelques semaines. Encore étudiant, en 1959, il reçoit sa première commande de carton qui est tissé à Felletin à la Manufacture Pinton frères.
A partir de cette date, grâce à des commandes publiques comme la tapisserie « Jehanne », en 1962, pour
le navire école « Jeanne d’Arc », ou principalement privées pour des banques, des compagnies d’assurance ou des particuliers, il fait mettre en laine ses cartons dans divers ateliers d’Aubusson.
C’est d’ailleurs pour cette clientèle qu’il oriente son travail depuis cinquante ans, créant sur maquettes des compositions d’inspiration figurative et naturaliste. Agrandies dix fois, ces maquettes servent de base à la peinture gouachée du carton, modèle indispensable à l’interprétation en laine du licier.
Ainsi Hervé Lelong, maquette dans la main gauche, pinceau dans la droite, a peint des centaines de mètres carrés, debout, accroupi, juché sur un escabeau, le bras en l’air pour colorer les formes dessinées sur le papier punaisé au mur.
Ce sont quelques uns de ces cartons originaux qui seront exposés cet été au
Musée des Cartons de Tapisserie à Aubusson. Certains sont meurtris par le tissage de la tapisserie qui s’exécute juste au-dessus du carton tendu sous les fils de chaîne. D’autres, ayant servi de modèles pour la tapisserie à l’aiguille restent très frais.
Pratiquement jamais offerts à la curiosité du public, les cartons contemporains de tapisserie vont, peut-être, attirer une nouvelle génération de collectionneurs épris d’Art Décoratif et d’Histoire de la Tapisserie.
Aubusson, juin 2013