Le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, présidé par Awadh Ali Saleh Al Musabi (Émirats Arabes Unis), réuni à Abou Dhabi du 28 septembre au 2 octobre 2009 a décidé d’inscrire la tapisserie d'Aubusson sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente et dont la viabilité est en péril en dépit des efforts déployés par la communauté ou le groupe concerné.
De quoi s’agit-il ?
La Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, adoptée en 2003, préconise la sauvegarde du patrimoine immatériel que représentent les traditions et les expressions orales, les rituels festifs, les techniques artisanales, les musiques, les danses ou les spectacles traditionnels. Ce patrimoine vivant, qui est transmis de génération en génération, procure aux communautés et aux groupes un sentiment d’identité et de continuité estimé essentiel pour le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine.
Les conséquences
Avec l’inscription sur cette Liste, l’état s’engage à mettre en œuvre des plans de sauvegarde spécifiques permettant la poursuite de leur pratique et leur transmission et peut bénéficier d’une assistance financière au titre du Fonds créé à cet effet.
Grâce aux efforts de Michèle Giffault, Conservatrice en Chef du Musée Départemental de la Tapisserie et de Michel Moine, Maire d’Aubusson, qui ont préparé les nombreux dossiers nécessaires et mené le projet jusqu’à son aboutissement, Aubusson reçoit une impulsion dont les effets devraient se faire sentir dans les années qui viennent.
Et la tapisserie au point ?
Jean Lurçat était venu à la tapisserie de lisse par la tapisserie au point. Déçu par les résultats obtenus par celle-ci il l’avait abandonnée. Hervé Lelong a suivi la démarche inverse. Peintre-cartonnier qui faisait tisser ses œuvres à Aubusson il a été attiré par les possibilités infiniment variées que lui offrait la tapisserie à l’aiguille. La méthode patiemment mise au point par Véronique de Luna lui a permis d’obtenir les résultats que Lurçat avait en vain cherché à atteindre.
Les destinées de la tapisserie à l’aiguille sont liées à celles d’Aubusson, selon l’expression consacrée, pour le meilleur et pour le pire. Peut-être le pire est-il enfin derrière nous. Espérons que le renouveau de cette ville que nous aimons permettra à notre artisanat de survivre et de retrouver sa place au premier rang des arts décoratifs.