Collection médiévale Cluny
la Dame à la Licorne, dernier panneau

Les tapisseries monumentales, telles que la Dame à la Licorne qui se compose de six tentures d’environ 80 mètres carrés au total, se prêtent mal à la reproduction en format réduit. Nous avons choisi de ne pas reproduire la Dame, dont le visage est d’un travail particulièrement fin, et de proposer seulement des détails, fleurs ou animaux, seuls ou différemment assemblés.

L’identité de la Dame que l’on admire sur cette suite de tentures a fait l’objet de bien des spéculations. Très grande dame ou épouse d’un bourgeois que la faveur royale avait porté au faîte des honneurs, nul ne le sait.

Le thème de l’ensemble a lui aussi été débattu. Il semble certain qu’il s’agit d’une illustration des cinq sens, cinq des panneaux pouvant être sans trop d’effort d’imagination associés à la Vue, l’Ouïe, le Goût, l’Odorat et le Toucher. Le sixième panneau, montrant la dame déposant un collier dans le coffret que tient sa suivante, est considéré comme symbolisant la libération de l’emprise des sens et c’est ainsi qu’il faudrait comprendre le titre « À mon seul désir ».

Sur ces tapisseries sont réunies les deux variétés de millefleurs, les fleurs plantées, toujours sur fond bleu, et les rameaux coupés, toujours sur fond rouge.

Tout admirable qu’elle soit, cette suite de tentures a été, au cours du XIXe siècle, étonnamment négligée. Elle se trouvait dans le château de Boussac (Creuse) où elle décorait l’appartement du sous-préfet. George Sand eut l’occasion de l’y voir et c’est elle qui attira l’attention du public dans son roman Jeanne (1844). Prosper Mérimée, alors inspecteur des Monuments Historiques, avait de son côté proposé que l’État en fasse l’acquisition. Mais ce n’est qu’en 1882 que celle-ci fut enfin réalisée alors que les tapisseries, mal protégées, s’étaient considérablement dégradées.

L’installation au Musée de Cluny eut lieu l’année suivante, mais ce n’est qu’après la deuxième guerre mondiale que l’on construisit spécialement pour la Dame à la Licorne la salle ronde où elle se trouve aujourd’hui au sommet de la tour du musée. Si l’on s’y assied un instant, entouré de cette mystérieuse merveille, on ne peut manquer d’être pénétré par son charme. Tout passionné de tapisserie doit faire une visite de courtoisie à la Dame à la Licorne.